Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Collection privée Valjustrotinou - Pour la mémoire

14 décembre 2023

Émile Georget remporte Paris-Brest-Paris 1911 et une jolie décoration pour son centre de table...

Le 27 août 1911, Émile Georget remporte la troisième édition de Paris-Brest-Paris en parcourant les quelques 1200 km de l'épreuve en à peine plus de 50 heures.

La très large couverture médiatique, notamment par le journal l'Auto-Vélo qui organise l'épreuve, met en évidence l'importance de cette course mythique, disputée sur un rythme atypique d'une course tous les dix ans.

Pour cette édition de 1911, la modification du réglement qui interdit toute aide extérieure et particulièrement l'utilisation d'entraineurs (de lièvres), semble avoir joué sur la stratégie des coureurs : la course part sur un rythme très mesuré, les favoris restent en peloton durant les trois-quarts de l'épreuve, la sélection s'effectuant par l'arrière via les incidents mécaniques et défaillances physiques. Et c'est en résistant, à l'économie, aux nombreuses attaques de ses concurrents qu'Émile Georget assure sa victoire et scelle son succès en laissant sur place le dernier rescapé du peloton, le champion de France Octave Lapize, dans la côte de Tillières-sur-Avre (27) à environ 110 km de l'arrivée. Il accentue ensuite progressivement son avantage et arrive au Parc des Princes éreinté avec 21 minutes d'avance sur Lapize.

T013 Emile Georget à l'arrivée de Paris-Brest-Paris 27Aug1911Arrivée et chronométrage officiel du dernier tour du vélodrome, soumis à prime (Georget n'aura pas la force de la disputer)

T013 Emile Georget félicité par son frère Léon Paris-Brest-Paris 27Aug1911Émile Georget félicité par son frère Léon à l'arrivée du Paris-Brest-Paris 1911

T013 Emile Georget porté en triomphe Paris-Brest-Paris 27Aug1911Malgré ses protestations, son tour d'honneur est interrompu par ses supporters qui le portent en triomphe

Pourquoi vous raconté-je tout ça ? Et bien parce que parmi les souvenirs de la famille Georget que nous avons acquis, se trouve cet imposant trophée, une grande jardinière et son plateau orné d'un miroir.

T 013 Emile Georget - trophée Paris-Brest-Paris 1911 1a

Et ce joli centre de table est agrémenté de la plaque suivante qui nous apprend pourquoi un ustensile de cuisine se trouvait dans l'armoire à trophées d'Émile Georget

T013 Emile Georget - trophée Paris-Brest-Paris 1911 1b"A Emile GEORGET en Souvenir de sa Victoire dans PARIS-BREST-PARIS 1911 ses amis Châtelleraudais"

Il ne s'agit certes pas d'une récompense officielle, mais d'un témoignage de l'importance du soutien qu'apportait la communauté sportive châtelleraudaise aux frères Georget. On en trouve d'ailleurs une autre manifestation dans l'Auto-Vélo qui cite les trois dépêches reçues par le journal pour saluer l'exploit de Georget. Toutes trois proviennent de Châtellerault...

T013 Emile Georget - Félicitations des chatelleraudais L'auto-vélo 28Aug1911

Notre jardinière est sans doute dans la continuité de ce mouvement de fierté locale et de soutien à l'enfant du pays et il y a fort à parier qu'elle fut offerte à Georget par le Cyclo Club, la Pédale Châtelleraudaise et/ou les sportmen du Café du Commerce...

Publicité
Publicité
24 juin 2022

Qui était donc ce député belge ?

Voici une bien belle médaille en argent. De taille imposante (50 mm pour 45.7 grammes) et à la très fine gravure des armoiries belges, elle semble attribuée à un "représentant" du Royaume de Belgique. Or, en Belgique, la chambre basse du Parlement ne se nomme pas l'Assemblée Nationale, mais la Chambre des représentants, on peut donc penser qu'elle fut décernée à un député de ce pays.

Médaille Van Dormel

Comme vous pouvez le constater, cette médaille est faite d'argent de 2ème titre, à 800‰. Elle a en effet été testée lors de sa vente au poids à un fondeur et je l'ai sauvée in-extremis d'un recyclage en fourchette, bracelet ou connecteur électrique. Alors que j'ai l'habitude de nettoyer ces graffitis, je le laisse pour l'instant sur cette médaille, ça fait partie de son histoire à présent, comme un témoignage de la destructrice cupidité des hommes...

Une recherche sur Internet nous permet de retrouver sa petite soeur passée en vente il y a quelques temps chez Poinsignon. On apprend dans la description plein de choses intéressantes, comme notamment le nom du graveur et le fait qu'elle ait bien été décernée à un parlementaire (on nous parle ici de sénateur) dont on retrouve le nom sur la tranche.

Van Dormael - Poinsignon médaille représentant

On peut cependant penser que l'honorable Charles-Joseph d'Ursel à qui elle fut attribuée a également été Représentant puisqu'on peut trouver des médailles similaires destinées aux sénateurs cette fois.

Van Dormael - Médaille sénateur
La même, mais pour un sénateur

Vérifions chez nous. Bingo ! Nous avons un "Mr VAN DORMAEL" gravé sur la tranche de notre exemplaire. Cool... Il n'y a plus qu'à trouver la biographie toute faite de cet illustre homme politique belge du XIXème siècle.

A014 - Médaille Van Dormel tranche
La tranche de notre médaille

Malheureusement, notre Van Dormael est un peu moins connu que l'ancien maire de Bruxelles de chez Poinsignon. Impossible de trouver le moindre représentant belge à ce nom, pas de liste sur Internet, rien. Comme quoi, on peut avoir été un des hommes politiques les plus influents de son arrondissement et de son pays à une époque et ne plus laisser comme mémoire qu'une médaille prête à être transformée en fusible pour éoliennes et quelques vagues mentions dans des archives à peine 150 ans plus tard.

Car oui, nous n'allions pas nous arrêter là et nous avons fouillé les plus obscures archives de la politique belge pour retrouver la trace de notre député. C'est le site universitaire www.plenum.be, qui transcrit de manière (très) brute tous les comptes-rendus de toutes les séances parlementaires belges, qui va nous permettre de retrouver la trace de notre Van Dormael.

Van Dormael - Plenum resultats recherche
Résultat par année de la requête "Dormael" sur le site plenum.be

Vu la tête des retours sur notre requête, il y a fort à penser que notre ami fut député autour de 1859-1861. D'autant plus que les autres résultats se rapportent à la commune de Dormael (située proche de Tirlemont et Louvain et d'où notre député tire sans doute l'origine de son patronyme). Et, en effet, on retrouve une première mention d'un Van Dormael lors des rapport de la Commission chargée de valider les résultats électoraux de la législative de 1859. Et le moins que l'on puisse dire est que ce n'est pas de tout repos.

Lors de la séance du 14 juillet 1859, on apprend en effet qu'arrivé en tête de 14 voix dans l'arrondissement de Louvain, Van Dormael, candidat du Parti Clérical, est visé par une pétition de ses adversaires politiques au premier rang desquels se trouve le maire libéral de Louvain battu de peu. On accuse le parti clérical, sous couvert de "remboursement de frais d'élection" ou divers chantages (distribution de bulletin prétenduement marqués et sanctions religieuses ou économiques si on ne les retrouve pas au dépouillement), d'avoir acheté le scrutin. Le parlement rejette les griefs et valide cependant l'élection.

Une seconde pétition est présentée avec de nouveaux éléments et de nombreux témoignages lors de la session du 3 décembre 1859, sans plus de succès.

Finalement, le 21 janvier 1860, quatre nouveaux représentants voient leur résultats validés. Deux cependant, dont notre Van Dormael, ne sont pas encore proclamés membres car ils n'ont pas fait parvenir de pièce justifiant qu'ils avaient l'âge requis pour siéger. Ce sera chose faite lors de la séance suivante et c'est donc par le compte-rendu du 25 janvier 1860 que le sieur François Van Dormael, né à Tirlemont en l'an VI de la République Française... Et oui, à cette époque (en 1797-1798), la Belgique était française et l'arrondissement de Louvain faisait partie du Département de la Dyle. Mr Van Dormael a donc 63 ans et on peut donc s'étonner qu'il ait du justifier de son âge. Cela est d'ailleurs sympathiquement mentionné dans le compte-rendu, qui note qu'il a d'ailleurs déjà exercé des fonctions électives en temps que bourgmestre de Tirlemont.

Van Dormael - Plenum janvier 1860 Van Dormael admis
Ah oui, je vous avais dis que la retranscription était brute...

Nous en savons donc désormais bien plus sur notre homme... Avant de faire des recherches complémentaires, voyons quelle fut sa contribution à la bonne marche de son pays. En effet, à partir de cette date, le nombre de mentions de Van Dormael est bien plus important sur les compte-rendus. Mais ce ne sont en général que des mentions de sa présence ou de son vote, pas de prise de parole, pas de fonction spécifique durant la législature si ce n'est la participation à quelques commissions telles, qu'entre autres, un poste de rapporteur des pétitions en décembre 1860 ou sa participation en février 1861 à une commission chargée de vérifier les pouvoirs de M. Braconnier (où il a été nommé par tirage au sort)...

Point sans doute le plus notable de sa législature pour ses administrés : il propose en avril 1861 un amendement, intégré dans la loi, s'assurant que le tracé de la ligne de chemin de fer partant de Louvain passera bien par Aerschot.

Dernière apparition de notre représentant à la Chambre lors de la séance du 18 mai 1861.

Enfin, lors de la séance du 13 novembre 1861, on apprend qu'une élection législative partielle a été organisée à Louvain et que l'élection de M. Van Bockel en remplacement de M. Van Dormael décédé est validée.

Van Dormael - Session of 13 November 1861 - plenum

Fort de ces éléments, on peut envisager une recherche un peu plus précises dans des archives plus larges.

Un fort long article du Moniteur Belge, repris par le Journal des débats politiques et littéraires du 25 septembre 1837 raconte par le détail l'inauguration de la ligne de chemin de fer reliant Louvain à Tirlemont. La délégation étant reçue par le bourguemestre de l'époque, un certain Van Dormael que nous connaissons mieux à présent et qui a prononcé à cette occasion un discours plein de patriotisme (la Belgique a alors moins de 10 ans) et de modernisme.

On trouve également un entrefilet nécrologique dans Le Temps daté du 17 août 1861.

Van Dormael - Le Temps necrologie
Si vous le cherchez, notre représentant belge est en dernier...

Mais c'est La Gironde datée du 16 août 1861 qui nous donnera le plus d'informations sur le parcours complet de notre homme.

Van Dormael - La Gironde 16 août 1861 Necrologie

Avec cette information supplémentaire sur sa carrière militaire, on peut supputer que le Van Dormael apparaissant dans ces récits du Constitutionnel en date du 30 août 1830 lors de la Révolution Belge est bien notre homme. On comprend mieux la tonalité de son discours patriotique et son attachement au Roi avec un tel parcours.

Van Dormael - Le Constitutionnel 30 août 1830 - Revolution

Conclusion, notre médaille a donc été émise en 1860, pour François Van Dormael (Tirlemont 1797 - Tirlemont 1861), bourguemestre de Tirlemont (1830-1848), ancien colonel de la Garde Civique, représentant de l'arrondissement de Louvain (1860-1861). Pas une sommité de l'histoire belge, certes, mais un petit article sur un blog confidentiel c'est tout de même la moindre des choses.

5 décembre 2020

Champion de France de lutte

Cette médaille en or de 5.58 grammes a, vous en avez à présent l'habitude, été sauvée de la fonte grâce à un achat en salle des ventes (à Compiègne si jamais ça peut aider), juste un pas d'enchère au-dessus de ce qu'étaient près à en donner les fondeurs présents sur place.

On remarque un joli décor finement ajouré et une représentation de lutteurs dans un style typique de l'entre-deux-guerres. La gravure confirme l'impression puisqu'on y lit l'essentiel permettant d'identifier l'objet : Championnat de France - 1936 - 1er prix - Catégorie 66K

Championnat Lutte 1936 - Médaille

Ne reste plus qu'à identifier qui fut Champion de France de lutte de cette catégorie en 1936... Mais c'est là que le bât blesse. Aucune archive sur le site de la Fédération Française de Lutte ni de site de passionnés qui nous donnerait immédiatement la réponse.

Plongeons donc dans les archives des journaux de l'année 1936 pour en savoir plus.

Tout d'abord, on trouve assez facilement des références au Championnat de France de Lutte Gréco-Romaine qui s'est déroulé à Paris le 22 mars 1936. Il est par exemple annoncé dans les articles suivants parus le matin de l'évènement :

La Liberté 22mars1936 LGR annonceLa Liberté, 22 mars 1936

L'Auto-vélo 22mars1936suite LGR annonce championnatL'Auto, 22 mars 1936

Fort logiquement, on retrouve dans l'Auto du lendemain un résumé assez complet de la compétition :

L'Auto-vélo 23mars1936 LGR resultatsL'Auto, 23 mars 1936

Les résultats, accompagnés de quelques précisions, paraissent également dans d'autres quotidiens :

Le Matin derniers télégrammes de la nuit 23mars1936 LGR résultatsLe Matin, 23 mars 1936

On a ici la confirmation que la catégorie Poids légers est bien également communément appelée à l'époque "Catégorie 66 kilos" et on apprend que le Champion de France 1936 est un certain Vaissier de la région "Côte d'Argent". Quelques recherches nous apprennent qu'il s'agit de Jean Vaissier, lutteur de la région Aquitaine (la Côte d'Argent) et plus précisément du club de Bordeaux.

On retrouve d'ailleurs sa trace un mois plus tôt dans l'article relatant les qualifications régionales au Championnat de France :

L'Auto-vélo 23fev1936 LGR qualifL'Auto, 23 février 1936

Le mystère semble vite résolu mais un doute subsiste. En effet, à l'époque comme aujourd'hui, il existait deux types de luttes bien distinctes avec leurs compétitions respectives : la lutte gréco-romaine et la lutte libre.

Or, on retrouve également à l'époque trace de Championnats de France de lutte libre.

Ainsi dès le début de l'année, on a trace de combats préparatoires à la finale du Championnat de France des poids légers ici :

L'Auto-vélo 9jan36 LL Chemoul bat Froid en demifinaleL'Auto, 9 janvier 1936

Un certain Ben Chemoul, algérien (et donc susceptible de participer au championnat de France dans ces temps coloniaux), s'y qualifie en battant Froid.

On retrouve bien trace de cette rencontre dans le compte-rendu d'une manifestation organisée quelques semaines plus tard, nous relatant la victoire de Ben Chemoul, et même une petite interview du nouveau champion dès le lendemain :

L'Auto-vélo 23jan1936 LL BenChemoulChampionlibreL'Auto, 23 janvier 1936

L'Auto-vélo 24jan1936 LL itwBenChemoulL'Auto, 24 janvier 1936

Plusieurs points suscitent cependant l'interrogation. D'abord, peut-être le nom de Ben Chemoul vous sera familier, surtout si vous êtes un fan de lutte ou de catch. Vous penserez ici sans doute à René Ben Chemoul (sa fiche Wikipedia), une des grandes vedettes du catch français des années 50s à 70s, dont les retransmissions commentées par Roger Couderc étaient extrêmement populaires à l'époque de l'ORTF. Vous n'êtes pas loin, car ici, nous le verrons, il s'agit d'Albert Ben Chemoul, son père et entraineur...

Deuxième point qui nous intéresse particulièrement, il est mentionné dans le premier article que l'élève d'Henri Deglane reçoit comme trophée une superbe coupe en argent ! Et l'élève d'Henri Deglane, c'est bien Ben Chemoul qui le confirme dans l'interview du lendemain. Pas de mention d'une éventuelle médaille en or, qui avait pourtant plus de valeur et qui aurait immanquablement été mise à l'honneur.

En passant pour les fans de lutte, on parle bien ici d'Henri Deglane (sa fiche Wikipedia), le champion olympique 1924 de lutte gréco-romaine et pionnier de la lutte professionnelle en France.

Enfin et surtout, on remarque à la lecture des articles consacrés à la lutte libre, que l'organisation des Championnats de France était très différente des compétitions de lutte gréco-romaine. Ici, cela fait beaucoup plus penser au système en place pour la boxe, dans lequel un champion remet de temps en temps en jeu son titre face à un challenger approuvé par la Fédération à l'occasion de grands meetings sportifs mélangeant plusieurs catégories et même disciplines.

Cette impression est confirmée par divers articles parus cette année-là. Ainsi, en août, après une victoire contre Ben Chemoul à l'occasion d'un match non officiel, Julien Depuichaffray évoque sa volonté de défier Ben Chemoul afin de prendre le titre :

L'Auto-vélo 28aou36 LL Depuichaffray veut défier ChemoulL'Auto, 28 août 1936

Quelques mois plus tard, c'est au tour d'Alexandre Froid, qui vous vous en souvenez avait été battu par Ben Chemoul en demi-finales en janvier, qui, nous dit-on, "a jugé qu'il était venu pour lui le moment de défier Albert Ben Chemoul, champion de France des poids légers." Le défi a été "homologué par la FFLP" et le titre sera donc remis en jeu quelques jours plus tard.

L'Auto-vélo 20dec36 LL Froid défie ChemoulL'Auto, 20 décembre 1936

Finalement, c'est Froid qui l'emportera et deviendra donc à son tour champion de France de lutte libre des poids légers à quelques jours de la fin de l'année 1936 :

L'Auto-vélo 24dec36 LL Froid ChampionL'Auto, 24 décembre 1936

On le comprend, difficile dans ces conditions de parler d'un champion de France 1936... Les deux lutteurs ont remporté ce titre durant l'année et il y aurait facilement pu en avoir trois ou quatre au rythme des défis. Les journalistes évoquant déjà les probables défis que Froid aura à relever dans les mois à venir pour conserver son titre. On est ici clairement sur un système équivalent à celui des ceintures de champion du Monde dans la boxe actuelle, ou les titres de catch. C'est d'ailleurs je pense l'époque où le catch se développe en France et était encore un sport de lutte de plus en plus libre et de moins en moins codifiée comme la gréco-romaine, mais où les combats n'étaient sans doute pas encore chorégraphiés.

Enfin, on voit mal comment une médaille comme celle qui est en notre possession pourrait être éditée à l'occasion de ce genre de combats, sachant qu'il n'est pas certain qu'elle soit nécessaire si le champion conserve son titre.

Il est clair qu'une telle médaille a été émise dans le cadre d'un Championnat annuel, regroupant dans la même manifestation les finales pour toutes les catégories après des qualifications régionales, plutôt qu'un système où chaque catégorie peut voir son champion de France varier au gré aléatoire des défis.

Notre médaille est donc sans nul doute la médaille du Championnat de France de lutte gréco-romaine, catégorie 66 kg (Poids légers) décernée à Jean Vaissier en 1936.

Malheureusement, autant Albert Ben Chemoul et son fils sont très connus, autant Jean Vaissier n'a laissé que très peu de traces dans les mémoires. Un site d'amateurs nous dit qu'il aurait été champion de France 4 fois, sans citer de source. Et dans la partie historique du site de la Fédération Française de Lutte, on apprend simplement qu'il a participé aux Championnats d'Europe de lutte libre en 1937 et de lutte gréco-romaine en 1937 et 1939 sans plus de détails. Pas grand-chose de plus dans les journaux d'époque, même s'il devrait être possible de reconstituer son palmarès en fouillant les archives.

N'hésitez pas à nous envoyer un petit message si vous connaissez des médailles similaires ou si vous avez des informations sur Jean Vaissier, (a priori) quadruple champion de France, qui ne mérite pas de tomber dans l'oubli...

31 octobre 2020

Un bouchon d'or Kriter ?

J'ai acquis cette petite broche de 2.35 grammes d'or à 18 carats juste au prix à partir duquel les fondeurs n'en veulent plus.

Epinglette bouchon d'or Kriter Michel Bury

La vente aux enchères la répertoriait comme étant le "Bouchon d'or Kriter" gagné par Michel Bury pour sa médaille d'argent aux Jeux Olympiques de 1984 dans l'épreuve du Tir à la carabine 50 mètres couché.

Je n'ai pas trouvé beaucoup d'information sur ces "Bouchons d'or"... Ce que j'en sais, c'est que Kriter est une marque de vin mousseux, actif dans le domaine du sponsoring sportif, notamment en voile.

Il semblerait que dans les années 60s à 80s, ait existé une récompense, matérialisée sous la forme d'un bouchon d'or, qui était décerné tous les ans à quelques sportifs français méritant par "le Jury des Sports Olympiques", en partenariat a priori avec le journal l'Équipe...

J'ai notamment déniché cette coupure de presse, malheureusement incomplète, datant de 1986, qui donne de précieuses informations sur la cérémonie... Cinq lauréats cette année-là, un trophée remis par l'intermédiaire du rédacteur en chef de l'Équipe, une réception qui semble bon enfant dans des caves bien garnies à Beaune et l'amusante tradition de la pesée pour permettre à chacun de repartir avec son poids en "Kriter Brut de Brut". On remarque notamment que Thierry Marie (le cycliste grand spécialiste des prologues) et son voisin le judoka Bruno Carabetta (Champion d'Europe et du Monde junior en 1986) tiennent des coffrets qui s'apparent au nôtre.

Bouchon d'or Kriter pub 1986

Un autre bouchon d'or, vendu lui en 2005, vient nous renseigner un peu plus sur ce que nous avons acheté. Il s'agit, nous dit-on, du bouchon décerné par le jury des Sports Olympiques du journal l'Equipe à la Fédération Française d'haltérophilie pour la performance exceptionnelle de Daniel Senet, médaille de bronze des Championnats du Monde d'haltérophilie 1979. Il y est précisé qu'on y joint le diplôme et l'épinglette correspondants...

Bouchon d'or Kriter Daniel Senet

L'épinglette ! Voici donc ce que nous avons sans plus de doute acquis. Exactement le même boitier, sans mention particulière autre que "Bouchon d'or Kriter / Or 18 Cts.", comme pour la notre. Contrairement au vrai bouchon, beaucoup plus massif, dans le boitier duquel le nom du lauréat figure plus clairement. Voila qui explique également la présence de deux coffrets dans les mains de Bruno Carabetta en 1986...

Impossible cependant d'être certains que notre épinglette accompagnait bien le bouchon décerné au tireur Michel Bury. Pas moyen non plus de retrouver trace d'un éventuel palmarès officiel des lauréats de cette récompense au fil des années et donc de confirmer qu'il a bien reçu cette distinction. Pas vraiment de raisons d'en douter non plus car, sans vouloir faire offense à Michel Bury, ce n'est sans doute pas son nom qu'on relierait induement à un objet dans le but de faire d'en faire gonfler la valeur marchande...

Pourtant, Michel Bury, c'est trois participations aux Jeux Olympiques, une médaille d'argent en 1984 pour le 50 mètres couché, vice-champion d'Europe junior en 1972 dans la discipline. En 1994, il est champion du monde par équipe au 3×40 et troisième en individuel sur le 50 mètres couché. Il avait déjà décroché une médaille de bronze lors de l'édition 1986 des Championnats du Monde, à 300 mètres debout cette fois-ci. Il est également vainqueur de la finale de la Coupe du Monde 1994 du 50 mètres couché et compte une autre victoire et 4 podiums lors d'étape de la Coupe du Monde entre 1986 et 1994 dans cette discipline. Enfin, pas moins de 20 titres de champion de France figurent à son palmarès...

Autant dire qu'il a bien mérité son Bouchon d'or et que nous sommes très heureux d'en avoir sauvé l'épinglette de la fonte !

15 octobre 2020

La sixte, ancêtre du foot à 5

Cette petite médaille de bronze (5.9 grammes, 35 x 25 mm), émaillée, est typique du style "Art Déco" qui fit fureur à la Belle Epoque et qui n'épargna pas le petit monde de la récompense sportive.

Médaille Sixte Lyonnais 2ème série 1913

On y retrouve les lettre USFSA finement découpées ainsi que l'emblème de l'association joliment émaillé : un U blanc entrelacé de deux anneaux bleu et rouge...

On y lit que cette médaille récompense une compétition régionale (Lyonnais) de Sixte, 2ème série, en 1913...

Quelques recherches nous apprennent que la Sixte était une variante du football jouée à 6 joueurs sur une moitié de terrain, généralement en deux mi-temps de 10 minutes. On trouve assez peu de signe d'organisation de grandes compétitions (pas de championnats régionaux ni de France dans l'Auto de l'époque qui relate pourtant en détail toutes les manifestations de l'USFSA), mais, en 1913, apparaissent dans les archives quelques tournois locaux, organisés entre les équipes de football ou d'athlétisme locales. Et, à n'en point douter, un petit article page 5 de l'édition du 30 avril 1913 est bien relié à notre médaille.

L'Auto 30 avril 1913 - Tournoi Sixte Lyonnais

C'est donc l'équipe du CS des Terraux (un quartier de Lyon), qui emporta ce tournoi en 2ème série disputé le 27 avril 1913... Impossible de savoir ce qui distinguait 1ère et 2ème série, on ne trouve d'ailleurs la mention nulle part ailleurs ce qui nous conforte bien dans l'idée que notre médaille et cet article sont bien liés.

Depuis, la sixte est tombée en désuétude, d'autres variantes de foot en équipes réduites sont apparues, mais notre petit témoignage de bronze reste et nous rappelle cette discipline disparue.

Publicité
Publicité
14 octobre 2020

Un sport éphémère : la course de portanières (et d'échassiers)

Voici une médaille que j'aime beaucoup. De prime abord, elle semble pourtant banale : 33.84 grammes d'argent pour 41 mm, une Marianne que l'on doit à Louis Bottée d'un côté, une couronne de chêne et d'olivier encadrant un cartouche personnalisable de l'autre, voilà qui ressemble à de nombreuses médailles qui étaient offertes en de nombreuses occasions à la Belle Epoque... Qu'est ce qui m'a donc pris de l'acheter 30 % plus chère que son poids d'argent ?

Portanières1893PetiteGironde1a

Portanières1893PetiteGironde1b

Ici, il s'agit du premier prix pour la Course de Portanières de la Petite Gironde, décerné en 1893 à Marguerite Pujol... Et vous allez voir, quelle histoire !

De quoi s'agit-il donc ? Un tour dans les archives de la Petite Gironde, quotidien bordelais de premier plan pour tout le Sud-Ouest jusqu'à 1944 où il est remplacé par Sud Ouest, nous en apprend plus.

La première trace de notre course apparaît dans le numéro du 24 avril 1893. On y annonce une course pour le 11 mai. Longue de 9 kilomètres, avec un poids à porter de 20 kilos. Sont également détaillés les lots à gagner (on parle déjà de médailles qui seront décernées), le tout accompagné d'une illustration qui nous en dit un peu plus sur ce que sont ces fameuses "portanières". C'est ainsi qu'on désignait les travailleuses des Halles de Bordeaux qui transportaient sur le marché et chez les clients toutes sortes de marchandises sur un grand panier posé sur la tête, le tout dans une grâce africaine et on imagine une gouaille de foraine occitane...

Le 26 avril, la publication est renouvelée, accompagnée d'une première liste de 20 engagées. Cette course se déroulera en même temps qu'une course d'échassiers assez incroyable : plus de 100 participants vont se disputer la victoire le long du parcours Bordeaux-Montauban-Bordeaux, 440 kilomètres !! La Petite Gironde souhaitait semble-t-il rendre hommage aux spécificités locales lors de ces manifestations atypiques.

La Petite Gironde 26 avril 1893 - Annonce de la course de portanières  La Petite Gironde 26 avril 1893 - Annonce de la course d'échassiers

Dans l'édition du premier mai, lendemain de la clôture des inscriptions, la liste définitive des 62 participantes est publiée, et on retrouve notre Marguerite Pujol qui fut la dernière inscrite ! On apprend qu'elle demeure au 6 de la rue Gensan (c'est à Bordeaux) et qu'elle a 36 ans.

La Petite Gironde 1 mai 1893 - Liste des participantes

Comme promis, le règlement complet de la course est publié dans l'édition du lendemain :

La Petite Gironde 2 mai 1893 - Règlement course portanières

On imagine le joyeux cortège qui a dû se rendre place des Quinconces pour prendre le départ boulevard Caudéran. On ne pourra s'empêcher de sourire en remarquant la précision du règlement et la générosité de l'organisation qui récompense toutes les participantes et leur offre les pommes de terre ayant servi de lest, sous réserve qu'elles rendent le sac qui les contenait ! Enfin, on remarque que la "grille de départ" est déterminée en fonction de l'ordre d'inscription, et que Marguerite Pujol sera donc dernière, derrière 10 lignes de 6 concurrentes. On se demande comment elle a pu obtenir la victoire dans ces conditions...

Le 4 mai, on apprend qu'une médaille d'argent a été offerte par la Société de gymnastique et de tir l'Avant-Garde... Peut-être est-ce la nôtre, même si l'on nous dit que d'autres ont été promises...

La Petite Gironde 4 mai 1893 - Médaille

Le lendemain, petit rappel du règlement pour les portanières et annonce de la participation de la fanfare de Talence. On remarque qu'il y a un petit quelque chose tous les jours dans le journal, on crée l'attente, ça promet d'être spectaculaire. En tout cas, si j'avais été bordelais au printemps 1893, j'aurais attendu l'évènement avec impatience et je n'aurais surtout pas raté le spectacle le jour J...

La Petite Gironde 5 mai 1893 - Fanfare

On retrouve des rappels similaires dans le numéro du 8 mai, avec en sus un appel aux internes en médecine pour les contrôles physiologiques préalables à la course d'échassiers, un rappel que certains dons ont dû être refusés car les conditions pour les retirer étaient trop compliqués (seuls les lots remis au journal sont valides) et enfin l'annonce que le numéro de la veille de la course fera office de programme permettant à chacun de suivre les coureurs à leurs passages aux divers contrôles.

Pas grand-chose de nouveau dans cette publication du 10 mai qui reprend tout ce qui a déjà été annoncé. On y trouve juste la liste assez amusante des lots offerts par les divers commerçants de la région, mais pas de précision sur les médailles...

La Petite Gironde 10 mai 1893 - Programme

Dans le journal du Jour J, les courses se voient promues en première page, mais évidemment pas encore de nouvelles, juste l'annonce de quelques cadeaux supplémentaires :

La Petite Gironde 11 mai 1893 - Cadeaux

Et voici l'intégralité du texte concernant les portanières publié dans La Petite Gironde du lendemain de la course :

La Petite Gironde 12 mai 1893 - Compte rendu

Difficile de ne pas être touché par l'apparente sympathie de notre gagnante. Elle a manifestement fourni un effort impressionnant, courant durant toute la course avec 20 kilos sur la tête et a bien mérité cette médaille et l'ovation qui l'a accompagnée. Et comment, donc, ne pas être ému en tenant cet objet d'apparence si banale en main ? Cette médaille qu'elle a sans doute conservée jusqu'à ses derniers jours, dernier témoignage de ce qui fut probablement un des plus beaux jours de sa vie de travailleuse anonyme. Combien de fois, cette médaille en mains, a-t-elle repensé à ces moments, a-t-elle raconté l'histoire de cette journée à ses enfants et petits-enfants ? Combien de joie a-t-elle représenté ?

Malheureusement, les prévisions de la Petite Gironde furent un peu trop optimistes. Les courses de portanières et d'échassiers ne sont pas vraiment devenues des institutions incontournables dans la grande famille du sport et notre médaille ne sera donc jamais la première d'une grande série recherchée par les collectionneurs du monde entier... Elle est plus probablement la dernière trace tangible de cette discipline éphémère.

Dans l'édition du 13 mai, à la suite du récit particulièrement épique de la course d'échassiers qui s'étale sur plusieurs jours, un petit passage sur les portanières nous confirme que Marguerite Pujol est bien venue retirer son 1er prix composé de 100 francs et d'une médaille d'argent (qui valait environ 6,60 F au cours de l'époque). On y apprend que 5 médailles en tout ont été décernées (2 d'argent et 3 de bronze), on pourrait donc peut-être un jour retrouver une autre trace de cette course sous cette forme, qui sait ?

La Petite Gironde 13 mai 1893 - Remise des prix

A part dans La Petite Gironde, l'évènement a assez peu de retentissement dans les autres titres. Notons cependant les comptes-rendus réalisés par les journaux locaux voisins : La Dépêche de Toulouse et Le Petit Marseillais datés du 12 mai. On ne pourra s'empêcher de remarquer qu'ils sont mot à mots identiques et que les deux journaux partageaient sans doute le même correspondant bordelais qui ne s'est pas embarrassé à modifier son papier...

Le Petit Marseillais 12 mai 1893 - Compte rendu

La Dépêche 12-05-1893 Course portanières Petite Gironde

Seules traces trouvées dans une publication nationale, cet article du Journal du 14 mai qui résume les compétitions dans la rubrique sportive dédiées à l'actualité dans les "Départements", ou quelques rares entrefilets similaires à celui qu'on déniche dans Le Radical du même jour :

Le Journal 14 mai 1893 course portanières

Le Radical 14 mai 1893 Résultat

Alors, vous comprenez à présent pourquoi je l'aime bien cette médaille ?

30 mars 2020

Les champions oubliés d'une discipline oubliée

Cette médaille, une des premières de notre collection, reste mystérieuse à nos yeux, malgré de très nombreuses recherches.

Saut en hauteur sans élan 1       Saut en hauteur sans élan 2

Médaille dans écrin

Tout d'abord, ce que nous en savons : ces 7.2 grammes d'or finement ciselé ont été gagnés par un Champion de France USFSA (l'ancêtre de la Fédération Française d'Athlétisme) dans la discipline du saut en hauteur sans élan... Discipline aujourd'hui tombée en désuétude mais qui, sans jamais avoir vraiment été sur le devant de la scène, comptait pendant une période ses spécialistes et une présence dans les plus grands championnats comme les Jeux Olympiques, à l'instar du saut en longueur sans élan et, plus rarement, du triple saut sans élan.

Malheureusement, l'année du championnat correspondant n'est pas gravé sur la médaille... Les maigres indices dont nous disposons pour attribuer notre médaille à un champion sont le lieu où nous l'avons dénichée (dans la Marne) et l'écrin d'une bijouterie de Reims dans laquelle nous l'avons trouvée...

Pour l'attribuer, nous avons donc pensé retrouver un lien entre un vainqueur du concours et cette ville de Reims... L'enquête commence.

Tout d'abord, on s'aperçoit que notre discipline ne fait son apparition que tardivement dans l'histoire du championnat de France, avec un premier concours disputé en 1905. Le concours disparaît ensuite dans les années 20 mais, on peut restreindre notre recherche aux concours jusqu'à 1920 puisqu'à partir de 1921, l'USFSA laisse la place à la FFA...

Enfin, si rien ne permet a priori d'affirmer s'il s'agit du Championnat masculin ou féminin, une recherche dans les journaux de l'époque nous apprendre que le premier championnat féminin n'a eu lieu qu'en 1917 et qu'il était organisé à part par la FSFSF... On peut donc imaginer que les médailles n'étaient pas gravées au nom de l'USFSA, même si nous n'en avons retrouvé aucun témoignage.

On peut retrouver dans les journaux de l'époque les vainqueurs de nos championnats... Allons-y :

1905, Henri Bitsch de Meaux... Rien à voir avec la Marne a priori. Et a posteriori non plus car en fouillant, on trouve un Henri Bitsch né en 1891, marié et mort à Meaux à l'âge respectacle de 94 ans... Deux enfants que rien ne relie à l'est de la France même si on ne sait s'ils sont décédés ni où ils vivent...

1906, Cazenave de Toulouse. Le journal nous dit par ailleurs que les médailles ont exceptionnellement été gravées aux noms des athlètes lors de cette édition, dès la fin des compétitions, donc on peut exclure 1906 des possibilités.

1907 et 1908, double victoire d'Alfred Motté, licencié à Roubaix... Mais décédé à Sézanne dans la Marne ! Nous croyions avoir trouvé notre homme mais malheureusement, le pauvre est mort au front durant la Première Guerre Mondiale... Pas de raison particulière que sa médaille se retrouve à Reims plutôt qu'à Roubaix donc.

1909 (puis 1911, 1912, 1914, 1919 et 1920), le légendaire athlète parisien Geo André, 16 fois champion de France, auteur du serment olympique au nom de tous les athlètes aux JO de 1924, journaliste très réputé de l'entre-deux-guerres et mort au front, à Tunis, lors de la Deuxième Guerre Mondiale. Pas de raison qu'une de ses médailles se retrouve à Reims a priori.

1910 : Marcel Cormier l'emporte. On sait peu de chose de cet athlète éphémère qui n'a été compétitif qu'une saison. Mais il s'entrainait à Royan... En recoupant avec un courrier des lecteurs adressé à la revue La Culture physique par son entraineur et les bases de données généalogiques de geneanet, on trouve la trace d'un Marcel Cormier qui se marie à Royan en 1910. Celui-ci, pour lequel l'âge correspond, est originaire de Gironde et serait tailleur d'habits dans le civil, mais son dossier militaire nous apprend qu'il a été réformée pour ectopie testiculaire, ce qui ne semble pas vraiment correspondre avec la pratique sportive à haut niveau. De toute façon, le dossier parle juste d'une résidence parisienne en 1924, rien qui ne le relie à Reims.

1913 : La médaille est pour un jeune homme originaire de Martinique, étudiant en droit à Toulouse et conscrit au domicile de sa mère qui rentre en métropole après le décès de son mari, à Nantes : Emmanuel Peux. Le malheureux meurt également durant la guerre, sur le front belge et rien ne porte donc à penser que sa médaille soit à Reims.

1915-1916 : pas de championnat et en 1917, pas de concours de saut en hauteur sans élan pour les hommes.

1918, victoire de Yves Durier chez les hommes. Parisien a priori puisqu'Yves Durier a été licencié à Paris au CASG puis au Stade Français. En fouillant un peu, on se rend compte qu'il était encore junior en 1918, si bien qu'il semble bien correspondre au Yves Durier dont on peut retrouver la fiche militaire dans les archives de Paris. Et ici aussi, on n'a uniquement des résidences parisiennes, jusqu'à au moins la Seconde Guerre mondiale où il sera remobilisé.

Bref, cette piste rémoise nous pousse apparement dans une impasse...

En cherchant du côté du design particulier de la médaille, on constate avec regret qu'on trouve très peu d'images de médailles d'époque comparables. La seule intéressante est la médaille du championnat de saut en hauteur de 1903. On constate une parenté certaine dans la gravure ou la bélière par exemple, mais le design a sans aucun doute changé, avec l'ajout des tête d'aigle notamment... Un jour peut-être, lorsqu'il y aura d'autres éléments de comparaison, cela nous permettra-t-il de mieux dater notre petite merveille ?

Saut hauteur 1903a

Saut hauteur 1903b

Oui, on l'aime cette petite médaille parce qu'on est vraiment heureux de l'avoir, elle aussi, littéralement sauvée de l'oubli et de la fonte. Nous l'avons acquis dans une vente aux enchères de bijoux en enchérissant contre des fondeurs qui rachetaient tous les lots au poids. C'est donc juste pour son prix en or que nous l'avons acquise et sans cela, elle serait sans doute transformée en lingot !

Je me souviens de ma surprise de ne voir personne d'autre enchérir et de l'horreur que la pensée que des dizaines de témoignages historiques similaires étaient sans doute fondus régulièrement. Avouez que cela vaut le coup de les sauvegarder tout de même, non ?

5 mars 2020

Émile Georget, champion de France sur route 1910

Le 8 mai 1910, Émile Georget devient champion de France de cyclisme sur route après une course de 100 kilomètres courue dans les Yvelines (ou plutôt en Seine-et-Oise...)

Déjà à l'époque, le vainqueur gagnait le droit de porter un magnifique maillot tricolore pour toutes les courses de l'année à venir, ce qui le rendait reconnaissable dans le peloton. Bon, ça semble un peu moins léger que la tunique actuelle de Warren Barguil, mais il avait de l'allure notre champion châtelleraudais, non ?

8-5-1910_Emile_Georget_champion_de_France

En plus, il se voyait gratifier d'une magnifique médaille en or de 9,5 grammes, émaillée aux couleurs de l'ancêtre de la Fédération Française de Cyclisme : l'Union Vélocipédique de France qui organisait, pour la quatrième fois, ce Championnat de France.

Cette médaille, nous avons eu la chance de l'acquérir, pour un peu moins que le prix de son poids d'or, dans un lot que nous avons déjà évoqué.

Georget UVF Champion 1910

Elle était entre autres accompagnée d'une autre très jolie médaille de 8,5 grammes, également en or, offerte par le Véloce-Club de Montmartre à l'occasion de sa victoire.

Georget VC Montmartre Champion 1910

Ce cadeau peut paraître étonnant car Émile Georget, à notre connaissance, n'était pas membre du VC Montmartre. Il a fréquenté dans ses premières années parisiennes le Red Star Club comme nous avons pu le découvrir lors de notre enquête sur une de ses premières médailles, et, en 1910, cela faisait quelques années qu'il courait non plus pour un club amateur mais pour une équipe professionnelle, en l'occurence celle de La Française... Pourquoi cette récompense, donc ? Nous pensons en avoir découvert une explication dans un entrefilet de l'Auto du 21 décembre 1910. On imagine aisément que c'est à cette occasion que la médaille a été éditée et remise au champion...

L'Auto 21 décembre 1910 Veloce Club en l'honneur de Georget

23 février 2020

Georget, vainqueur du Championnat Vélocipédique dès 1902 !

 

Georget RSC 1902 2000pxl

Cette jolie médaille, acquise au poids du métal (11.82g d'argent en l'occurrence) dans un lot dédié au champion cycliste Émile Georget, nous a longtemps posé problème.

En effet, la carrière de Georget ne semble débuter réellement qu'en 1903, et impossible de trouver une signification au B.S.C. monogrammé sur cette médaille de 1902.

La solution nous apparaîtra à la résolution d'une erreur de lecture : le monogramme est R.S.C, le Red Star Club, qui organisait à l'époque des courses cyclistes et notamment une réunion sur la Piste Municipale du Bois de Vincennes le dimanche 27 juillet 1902. Parmi les épreuves, on retrouve le Championnat du demi-fond, une course de 25 kilomètres sans entraineur remportée par Georget. Le journal l'Auto-Vélo du 29 juillet note en page 5 : "Brillante victoire de Georget et belle course du jeune Verlhac. T: 45 mn 25 s".

L'Auto 29 juillet 1902 Georget Championnat RSC part 1

L'Auto 29 juillet 1902 Georget Championnat RSC part 2

Cependant, la date pose question. En 1902, Émile Georget avait 21 ans et surtout, ses premiers résultats significatifs en course cycliste n'apparaîtront que 2 ans plus tard, à l'occasion du Tour de France 1904. Alors qu'à la même époque, son frère Léon Georget était lui déjà un cycliste dont la notoriété commençait à émerger, notamment suite à sa quatrième place lors de l'épreuve de Bordeaux-Paris préliminaire disputée en juin 1902.

Un article de l'Auto-Vélo du 12 juin 1902, page 2, nous en apprend plus :

L'Auto 12 juin 1902 Georget au RSC

Non seulement on y trouve la confirmation que les deux frères Georget étaient déjà, en 1902, des coureurs compétitifs, membres du RSC, mais aussi on y déniche également l'explication de l'origine de la réunion qui nous intéresse et qui sera bien organisée à la fin du mois qui suit...

Reste à déterminer lequel des deux frères a pris part à cette compétition.

Un indice apparaissait dans l'article du journal : la réunion s'était tenue en plein Bordeaux-Paris. Autant dire que si l'un des frères avait participé à la compétition, il était certain que c'était l'autre qui courait sur la piste de Vincennes... Malheureusement, pas de trace de nos châtelleraudais parmi les concurrents officiels de cette épreuve, mais, dans les comptes rendus, un fait apparaît : Georget était entraîneur (aujourd'hui, on dirait lièvre) de Lucien Lesna et subit un grave accident. Voici ce qu'en dit le journal l'Auto-Vélo du 28 juillet en première page :

L'Auto 28 juillet 1902 Georget chute Bordeaux-Paris

Toujours pas d'indice sur lequel des frères Georget est concerné...

Guère plus de précision dans cet entrefilet, page 3 de l'Auto-Vélo du 2 août 1902

L'Auto 2 août 1902 Georget nouvelles santé après chute

On retrouve la trace du malheureux Georget en première page de l'Auto-Vélo du 9 octobre 1902, avec des nouvelles plus rassurantes, mais toujours pas de prénom :

L'Auto 9 octobre 1902 Georget recordman route

La solution à notre énigme apparaîtra enfin par un communiqué en page 4 de l'Auto-Vélo du 12 octobre 1902, grâce de nouveau au Red-Star Club (en un sens, la boucle est bouclée) qui salue les magnifiques records de leur membre Léon Georget...

L'Auto 12 octobre 1902 Léon Georget Champion félicité par RSC

C'est donc Léon, l'aîné des deux frères, qui entraînait Lesna dans une chute malheureuse sur les routes de Bordeaux-Paris pendant qu'Émile ouvrait son fantastique palmarès en remportant le Championnat du demi-fond du Red-Star Club et cette magnifique médaille en argent dont nous avons la joie de retranscrire l'histoire oubliée ici, près de 120 ans plus tard.

11 février 2020

Jean Pecqueriaux remporte le 100 mètres du Championnat de Paris 1910

Le 12 juin 1910, c'est au stade de la Croix-Catelan, dans le Bois de Boulogne à Paris, que se tient le 5ème Championnat de Paris d'athlétisme.

Il reste peu de traces de cette compétion, si ce ne sont les deux articles publiés dans l'Auto à cette occasion les 12 et 13 juin.

Dans l'édition du 12 juin, on peut lire qu'en la possible absence du grandissime favori, Pierre Faillot, le 100 mètres plat ne saurait échapper à Jean Pecqueriaux.

Le résultat de la course donnera raison à ce pronostic tranché puis l'article du lendemain sera même illlustré d'une photo de la ligne d'arrivée que le pensionnaire du Racing Club de France franchi, comme prédit, victorieusement.

Victoire Pecqueriaux Paris 1910

C'est au prix du poids des 4.95 grammes d'or qui la composent que nous avons pu acquérir la médaille qui fut décernée à Jean Pecqueriaux à cette occasion, la sauvant par là-même sans aucun doute de la fonte. Il s'agit à notre connaissance du seul exemplaire répertorié, toutes nos recherches pour lui trouver une petite soeur étant restées vaines. On ne peut donc affirmer si le modèle ici présenté a été utilisé pour les autres éditions de ce rendez-vous athlétique du début du siècle, qui s'est déroulé traditionnellement lors de la première quinzaine de juin à partir de 1906 jusqu'à au moins 1924, comme un prélude au Championnats de France qui se tenaient environ 15 jours plus tard...

Médaille Pecqueriaux 100m Paris 1910

Publicité
Publicité
1 2 > >>
Collection privée Valjustrotinou - Pour la mémoire
Publicité
Archives
Catégories principales
Publicité